Selon le Fonds monétaire international (FMI), des progrès considérables en Afrique subsaharienne sont observés ces dernières années. Les gouvernements doivent désormais prendre en compte un environnement en mutation rapide et très incertain en ce qui concerne la correction des déséquilibres macroéconomiques.
Ils doivent relever un défi colossal afin d’obtenir des résultats à la fois dans le domaine de la stabilité macroéconomique et celui des objectifs de développement à long terme, tout en faisant face aux demandes sociales des populations. Cette situation tient du « trilemme », dans la mesure où les efforts réalisés pour atteindre un but en particulier le sont en général au détriment des deux autres.
C’est quoi le trilemme des dirigeants ?
Le trilemme des dirigeants s’illustre par un triangle qui met en évidence les défis auxquels font face les gouvernements en Afrique subsaharienne. Il souligne la nécessité d’équilibrer la stabilité macroéconomique, les besoins de développement et les tensions sociales. Cet article explore comment ces trois éléments interagissent et les implications pour les dirigeants.

La stabilité économique
Elle s’identifie par une croissance stable, un faible taux d’inflation, un chômage maîtrisé et des finances publiques durables dans le but de réduire les risques de crises
brutales. Pour assurer une bonne stabilité économique, deux options majeures s’offrent aux gouvernements :
- L’accroissement des recettes intérieures
On parle d’accroissement de recette intérieures quand on cumule amélioration de la collecte des impôts en élargissant l’assiette fiscale et réduction de l’évasion fiscale pour renforcer les finances publiques. En effet, un État qui booste ses recettes fiscales (impôts, TVA, etc.), peut financer ses dépenses publiques sans pour autant dépendre de la dette publique ; C’est le cas du Rwanda qui a accentué ses dépenses en investissant dans les infrastructures pour réduire la dette publique. De plus, il permet de contrôler l’inflation grâce à une politique budgétaire restrictive (cas de la Suède et sa politique de stabilité des prix). Enfin, une assiette fiscale élargie rassure les marchés financiers et attire les Investissements Directs Étrangers (IDE), comme au Vietnam, où son impacte sur la croissance endogène a été déterminant.
- La priorisation des dépenses publiques
Prioriser les dépenses publiques c’est investir judicieusement dans des secteurs stratégiques pour stimuler la croissance économique. Comme secteur stratégique, on peut citer les infrastructures, l’énergie, et l’éducation. Il faudrait appliquer la règle des « 3 E » : Efficacité économique, Équité sociale et Effet de levier pour maximiser chaque argent dépensé afin d’atteindre un idéal économique. Aussi, faudrait-il prévoir une réserve budgétaire pour faire face aux situations de crise.
Les besoins de développement
En termes de développement, il s’agit notamment de répondre aux besoins de la population, c’est-à-dire :
- Investir dans les infrastructures
Pour favoriser le capital humain et une productivité efficace, il faut des infrastructures de qualité (des réseaux routiers modernes adéquats, des écoles, des hôpitaux et des marchés modernes…). De plus, l’investissement dans le tourisme peut pleinement participer à la création des emplois, à stimuler l’économie locale grâce aux dépenses des touristes, et à la protection des ressources naturelles et culturelles.
- Inciter l’inclusion économique
L’inclusion économique, revient à permettre à chacun d’avoir un travail ou de créer son business. Ceci permet de réduire la pauvreté, de disposer d’une économie qui tourne mieux grâce à plus de travailleurs et d’entrepreneurs, et d’une société plus unie puisque tout le monde peut participer.
Les tensions sociales
Si les besoins des populations ne sont pas satisfaits, il peut surgir des tensions. Ainsi, pour gérer ces tensions, les gouvernements doivent penser à :
- Mettre en place des filets de sécurité sociale
Dans le but de protéger les populations vulnérables en période de crise économique, il est judicieux de prévoir des mesures (assurance maladie, allocation de chômage…) permettant à ces couches vulnérables d’y faire face.
- Communiquer efficacement
De nos jours, le dialogue est une bonne arme que disposent les gouvernements mais ne l’utilisent pas efficacement. Pour une communication efficace, il faut recenser les préoccupations des citoyens et intégrer leurs suggestions en vue de renforcer la cohésion sociale. Cela passe par exemple par l’organisation des dialogues inclusifs, l’implication de chaque couche dans les programmes à la base, la création des cellules proactives pour la résolution des préoccupations des populations.
Somme toute, le trilemme des dirigeants représente un défi complexe et il est difficile d’atteindre en théorie l’équilibre parfait du triangle en s’attaquant en même temps aux trois défis afin de les résoudre d’un coup.
Bien qu’il soit difficile d’être « au top » sur les trois défis en même temps, une approche intégrée et proactive peut aider à s’attaquer efficacement à ces défis simultanément. Les gouvernements doivent être flexibles et prêts à ajuster leurs stratégies pour créer un environnement où la stabilité économique, les besoins de développement et la cohésion sociale se renforcent mutuellement.
Le « trilemme des dirigeants » en Afrique subsaharienne décrit la difficulté à laquelle sont confrontés les gouvernements de la région : ils doivent simultanément répondre à trois impératifs contradictoires : augmenter les dépenses publiques (pour l’éducation, la santé, les infrastructures), maîtriser la dette publique croissante, et mobiliser davantage de recettes fiscales. Il est très difficile de réussir les trois, car les actions entreprises pour l’un se font souvent au détriment des autres, forçant les dirigeants à des choix difficiles et à un exercice d’équilibre délicat.